Je ressens un regret profond d’avoir tourné le dos à mon propre corps, d’avoir tant lutté contre lui, plutôt que de l’écouter avec tendresse. J’aurais voulu prendre le temps de raconter ton histoire, celle qui méritait d’être écrite avec amour et patience, mais au lieu de cela, j’ai prêté l’oreille aux voix extérieures, aux jugements qui m’ont éloignée de moi-même.
Toutes ces décisions, prises dans la tourmente de la douleur et de la confusion après la perte déchirante de la fausse couche, me laissent aujourd’hui un goût amer. Je regrette tant de choses, tant de moments où j’aurais pu me montrer plus douce, plus attentive à ce que je vivais.
Alors aujourd’hui, je choisis d’écrire. De graver dans ces pages ce que je ressens, pour ne pas oublier. Pour garder une trace de toi, de ton passage en moi, de l’amour immense qui est né avec toi. Ce carnet de deuil devient le lieu où nos souvenirs trouvent refuge, où ton existence continue d’exister à travers les mots. Parce que même si le temps passe, je refuse que ton histoire se dilue dans l’oubli.
Ce soir, j’allume une bougie. Je prends un instant pour fermer les yeux, laisser la flamme vaciller dans le silence. Dans cette lueur fragile, je dépose tout ce que je n’ai pas su dire, tout l’amour que je ressens encore. C’est un moment de recueillement, un espace hors du temps où je peux simplement être avec toi, sans regret ni peur.
Pourtant, malgré tout ce chagrin, une vérité reste incontestable : jamais, je ne regretterai un seul instant de t’avoir porté. Ces moments où tu étais en moi, même fugaces, étaient empreints de grâce. C’était un honneur, un privilège que rien, ni même la souffrance, ne pourra effacer. Tu fais partie de moi à jamais, et cet amour-là est indestructible.